au milieu des terres

Au milieu des terres
Performance

de Gil Valery
production La Lune Verte / Espace Public

Au milieu des terres consiste en un spectacle, sous la forme d'une installation performative dans laquelle deux personnages évoluent autour d’un conteneur de fret. Une européenne et un réfugié syrien. La mer les sépare entre Kos et Bodrum, entre la Grèce et la Turquie, entre l’Occident et l’Orient.

A travers cette rencontre se noue un dialogue des cultures. Elle et Lui, issus de traditions et de mœurs différentes. Avec, au milieu, la Méditerranée. Au-delà d’une relation amoureuse, il s’agit d’une histoire de civilisations, de l’empreinte de nos sociétés contemporaines embrassant une inévitable mondialisation.

Au centre de cette rencontre Orient-Occident sont abordés les thèmes du patriarcat, du genre, du religieux, de la communauté. Des questions se posent sur le sens commun qu’une société s’attribue suivant ses valeurs et ses réalités propres. Deux cultures aux mœurs apparemment si différentes peuvent-elles communiquer? De quelles manières le consumérisme contemporain entraîne-t-il la marchandisation des corps, des cœurs, des esprits? Plus liés qu’il n’y parait, l’amour et la guerre ont une histoire à nous conter.

Au milieu des terres se veut une ode à la rencontre et un baume sur le cœur humain dans un contexte global désastreux, où nous pourrions soudain chacun devenir réfugié.

Ce spectacle s’inspire d’une histoire vécue à Kos, en Grèce, en 2015. Des témoignages recueillis auprès de divers réfugiés s'invitent dans la performance. Nous glissons du documentaire à la fiction poétique.

Ce qui frappe en premier lieu en arrivant à Kos, ce sont les chaises longues sur les plages. Destination de vacances prisée comme toutes les îles grecques, nous voyons à travers les journaux télévisés ces canots remplis de réfugiés débarquer sur ces mêmes plages. Certains vont jusqu’à tenter la traversée à bord de matelas pneumatiques. Beaucoup sombrent au milieu des flots.

Pendant ce temps, les touristes bronzent, sirotent leurs cocktails, et se détendent sur les plages. Comment leur en vouloir, ils ne sont pas la cause du malheur du migrant arrivant de nuit après avoir payé cher une traversée périlleuse. Le contraste est toutefois saisissant et met en évidence deux extrêmes: une population relativement aisée vivant dans un pays paisible et une autre subissant de plein fouet les bouleversements climatiques, l’appât du gain des multinationales et les conséquences des énormes nécessités énergétiques des premiers.

La standardisation mondiale, imposant parfois un système financier, une politique, jusqu’à un certain art de vivre, sous ses aspects confortables de développement, de prolongation de l’espérance de vie, d’amélioration de la santé, comporte bien des vices. Les populations locales se rebellent souvent contre ce qu’elles considèrent être une intrusion dans leur développement et qui, d’une certaine manière, dénature leur culture propre. Cet état d’esprit critique vis-à-vis des puissances étrangères est présent dans la plupart des pays dits en développement ou émergents. Ces pays dont les grandes puissances se disputent les influences et la main-mise sont victimes avant tout de leurs ressources naturelles.

Au milieu des terres, dans sa forme et son contenu, rassemble l’utopie et le réel, l’espoir et la cruauté. Une liaison improbable. Un homme qui doit traverser la mer afin d’échapper à un destin tragique, une femme qui cherche à donner un sens à sa vie.